Comment manager un Haut Potentiel Intellectuel ?

Je suis coach et formatrice et j’aime passionnément mon métier.

C’est celui que j’ai choisi à la cinquantaine, ou plutôt, c’est lui qui m’a choisie. Je me suis juste laissé faire. Très régulièrement, je fais face à de nouvelles personnes qui ont besoin d’un accompagnement.

Je suis coach-partenaire MoovOne et les coachs sont choisis par le client via une plateforme de coaching en ligne. Pour faire ce choix, le bénéficiaire a accès à un courte biographie et à la vidéo de plusieurs coachs potentiels. Il peut ainsi prendre tout le temps des vérifications et des réflexions qui lui semblent nécessaires.

Lors d’une première séance avec un nouveau participant, j’aime demander : « Avant de commencer, pouvez-vous me dire en quelques mots pourquoi vous m’avez choisie ? »

Et très souvent, j’entends, au milieu de justifications logiques liées à mon parcours ou à mon expérience : « je ne sais pas exactement. Une impression, l’idée que je serais bien avec vous, une manière de parler et de penser qui m’a parue familière et qui m’a plue… En un mot peu français : « le feeling ».

Et là, je sais pertinemment que j’ai à faire à un HPI : Haut Potentiel Intellectuel.

Le contact s’établit immédiatement de manière légère et fluide. Et le parcours peut commencer, à la fois très sérieux et construit, puissant par le parler-vrai et la liberté de tout explorer en parallèle, d’une manière qui peut sembler désorganisée, mais qui finalement converge vers les pistes d’actions indispensables.

Comment définit-on un profil HPI ?

Voici une définition que j’aime bien : « une intelligence qualitativement différente, à laquelle s’ajoute un comportement psycho-affectif très particulier. Le haut potentiel a un fonctionnement neurologique qui se traduit par des efficiences intellectuelles accrues, avec un décalage ressenti dans la gestion affective. »

Besoin d’illustrations ? Voici des exemples de problématiques rencontrée par les HPI : « on me reproche d’être trop… ou bien pas assez… Je vais trop vite. Je ne délègue pas assez. Je suis trop impatient(e). Je n’écoute pas assez. Je montre trop mes émotions. Je ne montre pas suffisamment d’empathie. Je passe trop vite d’un dossier à un autre. Mes N-1 voudraient que je prenne plus de temps pour les écouter. »

Bien entendu, vous avez déjà rencontré ce genre de profil : un N-1 qui ne « cadre » pas, un N+1 qui avance sans prendre en compte votre rythme, un collègue… Ou vous-même !

Vous fonctionnez peut-être de cette manière et vous n’aimez pas cela parce que cette différence est difficile à gérer.

Cas pratique d’un HPI qui s’ennuie…

Voici l’exemple d’une jeune femme pour qui les apprentissages les plus difficiles ont été absolument évidents, sans avoir à prendre la moindre note tout au long de ses brillantes études. Logiquement, elle rejoint à 25 ans une grande entreprise avec d’emblée des responsabilités importantes. A son arrivée, son directeur lui remet un dossier complexe -ayant déjà été travaillé par un senior- à revoir et corriger. Elle s’attèle à sa mission et termine le travail en une semaine. Elle décrit avec humour le visage du directeur quand elle lui rend le dossier : incrédule et très agacé. En une semaine, elle avait réalisé ce que son collègue senior avait fait en un mois. Et de plus, elle avait été bien plus en profondeur que lui et ses remarques étaient plus que pertinentes.

Résultat : « Je vais vous demander de ranger ce dossier dans vos tiroirs et de me le ressortir dans deux semaines. Personne ne comprendrait que vous ayez réussi en si peu de temps. Et je ne saurai pas comment l’expliquer… »

A l’incrédulité et à la colère de ma cliente s’est très vite ajouté l’ennui, lorsqu’elle a dû s’insérer dans le rythme de travail de son entreprise. Un ennui terrible. Aucune logique ni aucun sens. Aucune nourriture intellectuelle.

Lors de notre coaching, j’ai pu lui proposer le challenge de développer ses capacités managériales en faisant monter en puissance ses N-1. Aujourd’hui, elle s’épanouit sous des cieux plus compréhensifs et plus compétitifs, où ses capacités sont prises en compte dans leur totalité. Elle a enfin le sentiment d’être utile et utilisée à son juste niveau.

Comment éviter ce genre de situation ?

Si vous managez un profil HPI :

Tout d’abord, dites-vous qu’il n’est pas là pour prendre votre place ! Il souhaite faire son travail vite et bien, et aura de nombreuses idées pour gagner en qualité et en productivité. Il aime se faire plaisir et voir les résultats de ce qu’il a initié.

Il est curieux, il a soif d’apprendre, il a envie de partager. Il a besoin de faire plusieurs choses à la fois et il est en général sur-efficient dans ce qu’il sait faire et qui l’intéresse. Il va très vite dans ses raisonnements parce qu’il fait inconsciemment des liens entre tous les éléments du problème. Il ne sait pas toujours expliquer de manière linéaire les résultats obtenus. Il ne semble par crédible. Or, la plupart du temps, il a raison bien avant tout le monde.

Si vous acceptez de voir qu’il peut être plus avancé que vous sur certains points, vous pourrez utiliser ses capacités au service du collectif dont vous faites partie tous les deux.

En discutant ouvertement avec lui et en prenant en compte ses avis, même les plus décalés, vous risquez d’être agréablement surpris !

De son côté, il acceptera facilement d’être recadré sur ses « carences », comme le fait de ne pas toujours aller au bout de ce qu’il met en œuvre, de faire des power-points incompréhensibles ou des tableaux de bords inexistants !

Autant de challenges à travailler ensemble et pour lesquels vous pouvez le guider.

Je vous souhaite beaucoup de plaisir dans vos prochaines interactions avec les HPI de votre entourage.

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